Les journalistes ont déserté la ville la plus dangereuse au monde. Mais Judith Torrea Ortiz est résidente de Ciudad Juarez depuis 13 ans. Aujourd’hui, quand la plupart de ses collègues n’osent pas traverser la frontière ou approcher cette ville, cette journaliste, qui a découvert sa passion pour l’information à l’âge de six ans, tient un blog.
Judith Torrea vient de gagner le prix Ortega y Gasset, un peu l’équivalent du prix Pulitzer hispanophone, attribué à son blog qui, dénonce la situation dans cette ville de l’état du Chihuahua. Pendant des années, cette espagnole a été la porte-parole des « muertitas de Juarez ». Elle a dénoncé les meurtres de ces femmes assassinées à la frontière du Mexique et des États-Unis. C’est la seule journaliste étrangère sur place, elle reporte ce qui se passe dans cette drôle de guerre contre la mafia de la drogue.
Une autre femme, aussi puissante voire plus que Judith Torrea Ortiz a visité le Mexique en solitaire la semaine dernière. Comme prévu, Michelle Obama a suivi le programme au pied de la lettre. Elle a dit très clairement que sa mission en tant que première dame des États-Unis c’est la jeunesse. Le sujet ultra sensible de la guerre contre le narco-trafic n’a pas été abordé.
La première dame a encouragé justement cette jeunesse, « yes you can ». Il fallait le dire aussi aux orphelins de Ciudad Juarez. D’accord, elle ne pouvait pas faire des déclarations sur un sujet qui doit être normalement traité par le président du pays de l’oncle Sam ou par Hillary Clinton. Mais cette question méritait au moins quelques mots.
Une femme qui s’exprime, une autre qui se tait, et une autre qui se contente de commenter la situation, qui est très loin d’elle, du haut de sa tour parisienne.
(21/04/2010)