Comment changer les mentalités ? En commençant dès l’enfance. Le centre Gaïa, à Lille, souhaite sensibiliser les petits aux difficultés des pays les plus pauvres. Il les plonge dans le Sénégal, sans jamais quitter la ville.
« Nous sommes arrivés. Veuillez laisser vos ceintures attachées jusqu’à l’arrêt de l’avion. La température ambiance est de 25°, merci d’avoir volé avec Air Gaïa ». Nous quittons l’avion. Mais nous n’avons jamais décollé. Les élèves d’une classe du Collège Fernande Benoît d’Hazebrouck n’ont pas eu besoin d‘un passeport pour découvrir le Sénégal. Il leur a suffi de se rendre au centre Gaïa, dans le sud de Lille.
Le centre d’éducation au développement et à la citoyenneté internationale, Gaïa, propose des ateliers d’immersion pour sensibiliser les plus jeunes aux réalités des pays du sud. Objectifs : montrer qu’il y a d’autres choses au-delà des frontières et encourager la solidarité internationale. C’est le seul centre de cette nature en France. Il a été créé à l’initiative de « Partenariat », ONG d’aide au développement. Le projet s’inspire des associations belges de « Studio Globo ». Les enfants ont entre 8 et 12 ans, mais le centre peut accueillir des plus petits et des plus grands.
Au lieu de faire un cours rébarbatif sur le Sénégal, le centre Gaïa choisit le jeu. Il y a dix ans environ, quand le projet a été lancé, les animateurs se déplaçaient dans les établissements scolaires avec des costumes typiques du Sénégal et toute une panoplie digne d’une compagnie de théâtre. Aujourd’hui, les animateurs se sont sédentarisés. Au 71 rue Victor Renard, on se croirait dans ce pays de l’ouest de l’Afrique.
Un décor reproduit l’ambiance d’une ville et d’un village au Sénégal; il a fallu un an, pour le construire. Un cyber café, un atelier de couture, une pirogue, bref, tout ce que l’on pourrait y trouver. Mais avant d’accéder à cet endroit exotique on passe par la salle d’attente et une cabine d’avion. Tout est fait pour qu’ils s’immergent complètement dans le décor. Les petits reçoivent même des billets d’Air Gaïa.
Le commandant de bord, Nabil Labib, les reçoit et donne les premières consignes. Une fois dans l’avion, deux autres animatrices prennent le relais. Elles sont hôtesses de l’air, habitantes du village et autres personnages. Nabil Labib joue aussi aux déguisements : il conduit un bus, il vend du poisson, il est commandant de bord, bien entendu… Il les rejoint tout au long du parcours. Les enfants ne restent pas à la traîne. Aussitôt dans le village ou dans la ville (il y a deux possibilités), ils adoptent le costume typique sénégalais, le boubou.
Pendant trois heures, les enfants vivent comme au Sénégal et ils sont confrontés aux problèmes de ses habitants. Si le moteur d’une pirogue tombe en panne, que faire ? On leur explique que la pêche est un des piliers de l’économie de ce pays. Si le pêcheur ne peut pas partir, c’est tout le village qui en souffre. Les jeunes sont invités à trouver une solution. Ils font des propositions. Les animateurs les conseillent, enfin, de faire une « tontine », une collecte d’argent au Sénégal. On leur montre aussi l’impact de la chute du prix de l’arachide, le fonctionnement des coopératives, l’importance des cyber-café…
En trois heures, on ne peut pas entrer dans le détail. Si l’information est trop dense, les enfants se dissipent. Les enseignants sont invités à préparer la visite en amont et à l’inclure dans un projet pédagogique. À la fin de l’atelier, les enseignants partent avec une vidéo du Sénégal : les élèves compareront les images et ce qu’ils ont vécu. Après le parcours, plusieurs enfants expriment leur envie d’aller au Sénégal et d’aider les gens. Mission accomplie pour le centre Gaïa.
Le centre Gaïa est reconnu par l’Education Nationale. Depuis 2006, il a l’agrément du Rectorat au titre d’ »Association éducative complémentaire de l’Education Nationale ». Le projet est financé par l’Agence Française de Développement, la Région Nord-pas-de-Calais, la ville de Lille, l’Interreg IV au niveau de l’Union Européenne et des partenaires privés.
Les visites au centre se font dans le cadre d’un projet pédagogique mais le centre peut organiser des journées portes ouvertes. Toute l’information sur www.lepartenariat.org/centre-gaia.html