Un narco n’est pas un prince charmant

« Les narcos font de plus en plus rêver les filles mexicaines » Des phrases du même style ont émaillé hier le reportage « Des filles aux commandes des gangs mexicains » d’Enquête Exclusive sur M6. Il fallait s’attendre à une peinture grotesque de ces demoiselles attirées par le trafic de stupéfiants. Les attentes ont été dépassées.

Elles ne se laissent pas faire, c'est la légende des filles en couple avec un narco.

Au début du reportage, on l’explique très bien. Les journalistes sont dans le nord du Mexique, dans les villes les plus dangereuses contrôlées par la mafia. Pourtant, tout de suite  c’est la foire aux généralités : « C‘est une caractéristique toute mexicaine dans ce pays, aux yeux de nombreuses jeunes filles, le prince charmant est un narco trafficant ».

« Ce pays », donc la totalité du territoire. « Nombreuses filles » combien ? Le Mexique c’est plus de 112 millions d’habitants, plus de la moitié ce sont des femmes. Contextualisons. Ils se trouvent dans une zone où la pauvreté est énorme, l’éducation est minime, les femmes ne tombent dans les bras des trafiquants par choix.

Elles y sont contraintes, car elles trouvent chez eux la protection que les autorités ne peuvent pas assurer. Sans parler des moyens financiers. C’est comme si on disait que toutes les jeunes filles russes rêvent de pendre du bras d’un caïd.

Facilité

On trouvera toujours des exceptions à la règle, comme le montre l’émission. La fille d’un politicien qui a choisi une route et une alternative : un narco ou un homme politique. Les filles tombent dans ce travers par facilité peut-être, mais aussi car l’acenseur social est bloqué au Mexique.

L’éducation et le travail ne garantissent pas de meilleurs niveaux de vie. Les voies privilégiées de l’émancipation. Le titre du reportage annonce des femmes au pouvoir, libres croirait-on. Depuis quand le crime est une émancipation ? Depuis quand être un trophée perché sur des talons est synonyme d’émancipation ?

Les muertas de Juarez, elles, portaient aussi des talons. Elles ont été torturées et assassinés.

L’enquête montre une réalité qu’on ne peut pas nier

Depuis longtemps, au Mexique, les femmes sont actrices d’une économie parallèle qui se substitue à une autre plus que défaillante. Mais, à la fin du reportage, vous avez l’impression que toutes les jeunes mexicaines s’habillent en se déshabillant, qu’elles rêvent toutes d’un tueur moustachu bling-bling et qu’elles transportent de la drogue avec plaisir. Les mules qui ont péri avec de la cocaïne pleines les entrailles ne seraient pas du même avis.

 

5 réflexions sur “Un narco n’est pas un prince charmant

  1. Como lo dices, la pobreza y la ignorancia crean ilusiones por demás indeseables, pero tan ciertas como las estadísticas. Lo ilegal genera submundos, de volumenes de excesos y sin principios, efímeros y fugaces, que arrastra fácilmente almas y voluntades, sin distinción de sexo o edad y normalmente concluyen sus vidas rápidamente, o las alteran, al grado de ser aislados del orden común, parcial o totalmente.

  2. Qué bueno! Et oui, le journalisme français type M6 – W9 tombe souvent dans des simplifications faciles pour que la complexe réalité ne casse pas le joli reportage.

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