Rentrons dans le monde de l’enfance. Parcourir un magasin de jouets c’est parcourir ses souvenirs, se remémorer des odeurs de l’insouciance. Enfin, pas toujours. C’est aussi confirmer que les jouets perpétuent des stéréotypes qui confinent hommes et femmes à des rôles dualistes, passéistes et d’autres mots finissant par « iste », sauf les schistes. Ils n’ont rien à voir dans l’histoire.
Les nounours, peluches et autres objets poilus nous protègent des premières déceptions de la vie : maman quitte la pièce, il fait noir, on ne veut pas dormir. Dès le moment où on peut commencer à jouer comme « des grands »,ça se complique.
Les garçons apprennent qu’ils peuvent rêver d’être pilotes de chasse, conduire des trains, des voitures de F1. Ils n’ont pas à se soucier des minuscules chaussures qui se perdent dans les recoins de la maison et finissent dans l’intestin de Fido. Ils ne croient pas aux limites.
Qu’est ce qu’il nous reste ? On ose offrir, exclusivement aux filles, des fers à repasser, des aspirateurs et toujours l’inébranlable dînette. La plupart des chefs étoilés ne peuvent pas se vanter de posséder un vagin. Et pourtant, on continue à faire un achat basé uniquement sur une idée bien dépassée : les filles font à manger, les garçons bricolent. Les magasins de jouets présentent allégrement cette fausse dualité.
Les hommes cuisinent, élèvent des enfants, lavent leurs caleçons sales (pas tous, pas tout le temps mais, tout s’apprend). Les filles dirigent des pays, construisent des maisons, éteignent des feux (pas toutes, pas tout le temps mais, tout s’apprend).
Barbie nous a facilité la tâche. Malgré toutes les critiques, il faut avouer que la blonde a plus de diplômes que G.I Joe. Elle peut être mère,

maîtresse d’école, architecte, médecin, vétérinaire…et tout ça en même temps. Mais Barbie est loin d’être innocente. Ce n’est pas cette fière propriétaire d’une licorne violette, qui va refuser de s’enfermer dans une tour, pour attendre le prince charmant.
Un rapport de la Commission européenne datant de 2008 « insiste sur la nécessité pour réaliser une égalité effective des hommes et des femmes, d’accorder une attention particulière à la lutte contre les stéréotypes dans l’éducation, l’emploi et les médias dès la petite enfance ».
Ce rapport s’attarde sur l’importance d’apprendre la parité aux enfants : « La lutte contre les stéréotypes liés au genre doit commencer dès le plus jeune âge et devrait pouvoir promouvoir les modèles de comportement qui valorisent les choix individuels des filières d’éducation et soutiennent l’égalité entre les femmes et les hommes, y compris dans la répartition des tâches domestiques et familiales ». Offrez un Airbus en miniature à vos filles. Demain, elles piloteront un avion d’Air France et vous feront voyager gratos.
Une réflexion sur “Potiches”