Danger, radioactivité. En 1985 on décide d’arrêter l’activité de la centrale de Brennilis dans le Finistère. C’est la première centrale en France qui sera en théorie démantelée, la procédure est toujours en cours. C’est un vrai casse-tête car toute action peut entraîner la contamination de la nappe-phréatique située sous la centrale. Le lac qui entoure Brennilis est déjà pollué. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité a réalisé une étude en 2006. Elle a trouvé des éléments hautement radioactifs autour de la centrale.
Après 26 ans, Brennilis est toujours là mais, elle n’est pas la seule à dominer le paysage du Mont d’Arrée. Des éoliennes tournent à plein régime préfigurant, peut-être, l’avenir proche de l’énergie dans le pays.
Les fuites radioactives à petites doses n’effrayent pas les randonneurs. Des sentiers ont été aménagés sur ce terrain accidenté que l’on appelle la Montage noire qui n’a rien d’une montage. C’est plutôt une succession de collines et de terrains marécageux.
Ces sentiers passent non loin de la centrale et mènent dans des petits villages pittoresques de pierre grise et peinture bleue. Les maisons sont bordées d’enclos blancs et de jardins fleuris bien taillés. Seul un cheval et un âne disent bonjour aux promeneurs. Ces villages semblent déserts. Mais la vie est bien là. Le camion des éboueurs ne ramasse pas les ordures d’une bande de mutants à quatre bras.
Prière à Saint-Michel
Le parcours continue dans une allée plus boisée. Les conifères protègent du vent et d’un soleil qui tape fort, malgré la réputation pluvieuse du mont. Dès qu’on grimpe sur une hauteur où on monte à quelques mètres, on aperçoit la centrale. Après 13km de marche, le point culminant : le mont Saint-Michel. Ce fut d’abord un temple d’adoration du soleil, ensuite une petite chapelle en honneur de l’archange Michel, chef de la milice angélique. Une petite prière avant de repartir n’est pas en trop, elle peut être utile pour combattre les effets secondaires de la radioactivité.
Les randonneurs s’en sortent indemnes. Ils n’ont pas de traces de plutonium sur leurs habits, enfin, ils ne peuvent pas le vérifier car un compteur Geiger n’alourdit pas leur charge.
Pour l’instant, il est possible de se muscler les jambes autour d’une centrale nucléaire en déperdition. Rien n’est dit que dans un futur proche, des hordes de polaires Quechua pourront toujours respirer l’air frais du Mont D’Arrée.

