Le Pigalle qu’on connaît ou on fantasme est fini. La preuve, les établissements sulfureux sont remplacés peu à peu par des supermarchés bio, repère de bobos, et par des agences bancaires bien propres qui ne sentent pas le foutre.
Même si de temps en temps la police fait encore des descentes boulevard de Clichy comme au bon vieux temps, le quartier change de visage. Tendance qui touche tous les quartiers populaires et infréquentables jadis. Le lifting de la place de Clichy, ancien repère de voyous et autres espèces peu connues des gens comme il faut, est un exemple de cette mutation. Exit les petits commerces indépendants, place à un Célio qui côtoie le Cinéma des cinéastes. Le Camaïeu juste en face partage le trottoir avec une friperie et un vendeur de kebabs.
Même cas de figure du côté de Pigalle. Le Sexodrome, supermarché du gode et du lubrifiant, restera indéboulonnable. Mais les magasins de petite vertu et de petite taille commencent à se faire grignoter. On croyait que l’industrie du sexe se portait bien.
Quelle déception pour les touristes quand ils descendent de leur car et tombent nez à nez sur une orange bio ! Que fera l’hyper branchouille rue des Martyrs sans ses environnements qui respirent le péché ?
Il est encore très tôt pour dire adieu aux frissons nocturnes du quartier. Les chaussures à plateforme pour stripteaseuse sont encore en vente et « les bars à filles » tiennent le coup. Mais pour combien de temps ? Là où la chapelle Sainte Rita, coincée entre un peep-show et un bar, a échoué à purifier les riverains, les banques et les Célio ont réussit à lisser une zone aux charmes interdits. Leur prochaine cible ? Le XIXe et le XXe arrondissement.