[Cinélatino 2016] Alba, la sublime préadolescence

Du 11 au 20 mars 2016 se tient le festival Cinélatino à Toulouse.  Pendant quelques jours, votre « serviteure » y fait escale.  Quelques pauses ensoleillées viennent espacer des séances intenses de visionnage des meilleurs films contemporains latino-américains. Voici la première belle découverte.

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Alba, la sublime préadolescence

Avec son premier long métrage, l’Equatorienne Ana Cristina Barragán met en scène les tribulations de la préadolescence à travers le personnage d’Alba. Une « étrange » jeune fille de 11 ans.

Ses ongles sont sales, son pull troué, ses cheveux emmêlés. Ca fait longtemps qu’Alba, 11 ans, vivote à l’écart de ses camarades de classe. Elle ne s’en préoccupe pas.
Son esprit est tourné plutôt vers la rêverie de la fin de l’enfance et troublé par la grave maladie de sa mère. Quand celle-ci est conduite d’urgence à l’hôpital, la jeune fille doit aller rejoindre un père jusqu’ici presque inexistant. Fragile fonctionnaire public, il ne peut lui offrir qu’un confort très sommaire dans un quartier défavorisé des hauteurs de Quito, Equateur.

Ces deux étrangers essayent de s’appréhender alors qu’Alba traverse une période cruciale : la puberté. Premiers poils sous les aisselles, premières règles, premiers émois amoureux. La jeune fille se sent étrange, esseulée. La mère qui devrait être là pour la guider est sur un lit d’hôpital. Mais dans son collège huppé et même auprès de ce père hésitant, elle trouvera un soutien sans faille.

La caméra de la jeune Equatorienne, Ana Cristina Barragán, suit Alba dans ses tâtonnements. Cette jeune fille aux yeux immenses, pense vouloir devenir comme les autres filles avec leurs minauderies et leurs familles parfaites.

Ces quelques lignes ne rendent pas hommage au travail de l’Equatorienne Ana Cristina Barragán, 29 ans. Le premier long métrage de cette  réalisatrice (en sélection officielle au festival de Rotterdam 2016) a impressionné le public du festival Cinélatino de Toulouse par sa justesse et sa subtilité. Le minimalisme des dialogues laisse tout le loisir de saisir les émotions de ces deux acteurs formidables : Macarena Arias et Pablo Aguirre. L’une débutante, l’autre expérimenté.

Les quelques longueurs et maladresses de ce long-métrage, présenté pour la première fois en France, n’enlèvent en rien au mérite de Barragán. La cinéaste a pu monter son projet « non autobiographique mais très personnel » dans un pays où le financement cinématographique est encore balbutiant. Alba est une coproduction équato-mexico-grecque.

La réalisatrice dit ne plus ressentir le besoin d’explorer la préadolescence (ses trois précédents courts-métrages s’emparent aussi de ce sujet). Mais il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. J’aimerais savoir si j’ai rencontré la Céline Sciamma équatorienne.

Domingo Violeta, un court-métrage de 2013 de Ana Cristina Barragán.

Le plus+Sans avoir l’air d’y toucher, la cinéaste effleure un sujet major latino-américain : le statut social. Scolarisée dans un collège des beaux quartiers, Alba ne veut pas que ses nouveaux amis sachent que son père ne peut pas payer un beau logement dans un quartier comme il faut, alors qu’elle est habituée à un appartement spacieux et lumineux. La jeune fille a peur d’être déclassée aux yeux de ses camarades. Une peur bien réelle qui hante du plus jeune âge les petits latinos.

Alba, en compétition officielle du festival Cinélatino 2016. Réalisation : Ana Cristina Barragán, 2016, 1h38. Le film sera diffusé le 16/03 0 13h30 à la cinémathèque de Toulouse.

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